En effet, les Marocains célèbrent de moins en moins le jour de l'an du calendrier hégirien. 1432 années se sont écoulées depuis la migration du prophète Mohamed (PSL) à Médine.
Et cette fois-ci, on peut bien dire qu'avec le temps, tout s'en va. Certains ne connaissent même pas la symbolique du calendrier hégirien. «Que représente le premier Moharrem ? Est-ce la naissance du prophète Mohamed (PSL) ?
Je ne connais pas les mois de l'année hégirienne et, au fait, nous sommes en quelle année ? », se demande Rania, tout comme beaucoup d'autres. Vu qu'il n'y a aucun effort de communication pour la célébration de l'année hégirienne, cette dernière a été oubliée par une grande partie des Marocains, surtout les habitants des grandes villes. Si ce jour n'était pas férié, il est certain que beaucoup ne s'en apercevraient même pas.
«Je viens de m'apercevoir que le premier Moharrem sera mardi ou mercredi. C'est bien, cela va nous faire une journée de repos de plus», confie Hatim, comme s'il parlait d'un dimanche, avant d'ajouter: «J'aurais préféré que ce soit un vendredi. De cette façon, nous aurions pu avoir le pont».
Si certains adultes n'accordent plus une grande importance au réveillon musulman, les plus jeunes sont loin de le faire. «J'espère que le premier Moharrem sera mercredi. Si c'est le cas, mon contrôle de mathématiques sera reporté à la semaine prochaine, sinon j'aurais la journée du mardi pour réviser», lance Oussama, un lycéen.
Pourquoi donc cette ignorance de notre année musulmane ? Pour Abdelkarim Belhaj, sociologue, les gens se souviennent du premier Moharrem, mais ils n'extériorisent pas cela. «Il faut savoir que pour les musulmans, on ne peut pas parler de fête concernant le jour de l'année hégirienne. Le premier Moharrem est là, les gens le savent mais l'évolution de la société marocaine entraîne un changement d'un grand nombre de pratiques», explique-t-il.
Paradoxe
Si une grande partie des Marocains oublie le premier Moharrem, c'est loin d'être la cas pour le premier janvier. «C'est honteux pour nous musulmans de laisser passer le jour de l'année hégirienne inaperçu et de fêter le jour de l'année grégorienne.
Tout le monde s'y met un mois à l'avance. Tout le monde se prépare pour la nuit du réveillon et prévoit des dépenses importantes pour une occasion qui n'a aucune relation avec notre religion», fustige Abdessamad. «Le comble est que certaines familles commencent à fêter Noël aussi.
Ils achètent des sapins, des guirlandes… de la folie », ajoute-t-il.
En effet, à partir de la deuxième semaine de décembre, pratiquement toutes les devantures des magasins, cafés et restaurants affichent des messages de vœux, des couleurs or, pourpre et argent, des dessins du père Noël partout, se joignant ainsi aux célébrations des fêtes de fin d'année grégorienne. Les propriétaires de magasins rivalisent durant des semaines pour arborer les plus belles vitrines en sapins, guirlandes, cadeaux empaquetés, étoiles de toutes les couleurs.
Que de «beaux tableaux» pour attirer la clientèle touchée par la fièvre des achats. Le jour J, les restaurants et les hôtels ont tous des programmes de réveillon variés. Au menu: soirées animées, dîners dansants, spectacles… les gens s'envoient des SMS, s'échangent des cartes de vœux, attendent de faire le compte à rebours… Une célébration dans le vrai sens du terme. «J'ai un peu honte de le dire, mais j'oublie toujours le premier Moharrem. Déjà, on ne me dit «Bonne année» que le 31 décembre.
En cette période, tout autour de nous, nous rappelle la fin de l'année grégorienne, alors que rien n'est fait pour l'année hégirienne. Même au travail, nous suivons le calendrier grégorien. Pour être franc, les mois hégirien auxquels je fais attention sont Ramadan et Dou Al hijja parce que c'est le mois d'Aïd Al-Adha», raconte Khalid. Abdelkrim Belhaj souligne qu'il ne faut pas faire une comparaison entre les deux célébrations. «Normalement, les musulmans ne devraient pas fêter le jour de l'an chrétien. Ce n'est plus le cas, vu le changement de mentalités entraîné par l'évolution de la société marocaine. Puisque le réveillon est connu pour être un jour festif, donnant lieu à des soirées, des beuveries où les gens se réunissent pour se souhaiter bonne année, les Marocains ont suivi la tendance. En revanche, le jour de l'an musulman a une connotation plutôt religieuse. Il y règne une atmosphère de recueillement. Chaque culture a sa propre approche. Les deux jours de l'an ne peuvent donc pas être fêtés de la même manière », indique-t-il.
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