Tous ont été d'accord sur la nécessité d'une rencontre avec le ministre de l'Intérieur, dédiée uniquement à l'évaluation de l'expérience de la gestion déléguée. Ceci dans l'objectif de mettre le doigt sur les tares et dysfonctionnements du désengagement de l'Etat depuis le début de l'expérience en 1997.
Treize ans s'avèrent une période suffisamment longue pour faire une halte et se remettre en question.Mohamed Daidaa, membre FDT de la commission parlementaire, acquiesce tout en égrenant les manquements aux cahiers des charges, la précarité, la faiblesse des infrastructures et l'absence de suivi. Au Conseil de la ville de Casablanca, même ambiance, les conseillers PJD et Istiqlal ont saisi le président Mohamed Sajid de l'urgence d'une session extraordinaire en concomitance avec la convocation du directeur de Lydec. D'autres conseillers du FFD, notamment, leur emboîteraient le pas pour arriver au quorum nécessaire à la tenue de ladite session. Idem pour les présidents des arrondissements de la ville qui auraient organisé une rencontre dans le même sens. En tout cas, au Parlement comme à la mairie, la question de la gestion déléguée prend toute son ampleur alors que plusieurs quartiers et artères de la capitale économique pataugent encore dans l'eau, après une dizaine de jour de pluies qualifiées «d'exceptionnelles».
Ils sont plusieurs à poser aujourd'hui la question de savoir s'il ne serait pas opportun d'envisager un retour de l'Etat régalien dans les domaines de l'assainissement, de la gestion de l'eau et de l'électricité, comme ce fut le cas durant presque 36 ans, entre 1961 et 1997. D'aucuns donnent l'exemple de la Régie autonome de distribution de l'eau et de l'électricité à Marrakech (Radeema) qui tire bien son épingle du jeu et prévoie un investissement de plus de 4 milliards de DH entre 2010 et 2014. Plus encore, la Radeema a réalisé un bond significatif en matière d'engagement des investissements entre 2004 et 2009.
Certes, un concessionnaire privé se trouve dans la contrainte de rentabiliser ses investissements, mais ce n'est pas une raison pour lésiner sur les moyens ou tourner le dos à des dispositions du cahier des charges particulièrement budgétivores. L'autre hic est que le contrôle d'exécution du contrat signé entre le conseil de la ville et la société délégataire fait souvent défaut ou pose un problème de qualité. Hormis le contrôle ordinaire, estime Abdellah Harsi, président du Centre d'étude et de recherche sur les collectivités locales, la commune ne dispose pas toujours des qualifications techniques requises.
Elle doit faire appel à des experts externes comme, c'est le cas aujourd'hui pour la mairie de Casablanca pour d'éventuelles futures négociations avec Lydec. Car si la hausse des tarifs de l'eau et de l'électricité, décrétée depuis l'avènement de Lydec, est plus ou moins rentrée dans les mœurs, il serait désormais difficile à celle-ci d'en appliquer d'autres, après les désagréments subis par les populations suites aux dernières pluies.
D'ailleurs, des bruits, non encore avérés, circulent dans le sens d'une nouvelle hausse des tarifs. Tout le monde en convient aujourd'hui, malgré le fait que le Maroc dispose depuis 2005 d'une loi sur la gestion déléguée, celle-ci se conçoit toujours dans le cadre de cahiers de charges spécifiques. Le gouvernement est aujourd'hui appelé à faire régner la loi. Enfin, députés et conseillers demandent un diagnostic, voire une enquête, sur les causes réelles des inondations de Casablanca pour en rendre ensuite les résultats publics.
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