Enquête Les femmes et les transports urbains

Prendre les transports en commun à Casablanca est un parcours semé d'obstacles pour la femme casablancaise. En effet, d'après un échantillon de 600 femmes interrogées, il serait plus difficile de se déplacer pour une femme que pour un homme. «Traverser la rue sans se faire harceler est impossible et lorsqu'on opte pour le bus ou le taxi blanc les hommes en profitent pour nous voler ou nous tripoter», explique Sanae, une habituée des transports en commun, qui habite Aïn Sebâa et travaille au centre-ville. Un constat de la part d'une femme de Casablanca qui a fait partie d'un panel dans le cadre d'une étude poussée dont les résultats ont été révélés le 12 octobre dernier. «Nous avons été contactés par la commune urbaine de Casablanca qui est consciente du problème de transport chez les femmes» explique Ibtissam Alaoui, responsable à la Banque mondiale. «En effet, la Banque mondiale s'est inspirée des meilleures pratiques mondiales en termes de transport urbain» continue la même source. Ainsi les résultats de l'étude sont clairs, les transports publics ne répondent pas aux attentes des femmes par rapport à leurs homologues hommes.

Pendant deux mois, les responsables ont sillonné la ville pour interroger les ménages des différents quartiers sur les pratiques, les comportements et les attentes des femmes en matière de transport en commun. «Je ne peux pas prendre le bus et attendre plusieurs minutes avant que celui-ci n'arrive, dans des stations mal éclairées et vides parfois» explique Leila. «Je suis alors obligée de prendre un petit taxi, ce qui me revient plus cher» continue cette dernière, persuadée qu'être une femme à Casablanca n'est pas rassurant.
Aïcha a même arrêté de travailler à cause du souci de transport. «À l'époque où je travaillais, il me fallait 1 heure de trajet pour arriver sur mon lieu de travail. Je me faisais constamment harceler sexuellement et je me suis fait voler mon sac à deux reprises» explique la jeune femme. «J'ai donc décidé de rester à la maison, ça devenait trop dur psychologiquement et même financièrement». Un point que les résultats de l'étude ont révélé puisque, selon l'enquête, le souci de transport handicape les femmes et constitue une entrave à l'accès au marché de l'emploi et à leur autonomisation. Il encouragerait aussi la gent féminine à limiter ses déplacements ou à opter pour la marche à pied.

Une option également dangereuse puisqu'à la tombée de la nuit les rues de la ville blanche ne sont pas sûres. D'autre part, l'étude nous révèle que les femmes dépenseraient beaucoup moins que les hommes pour le transport.
En effet, le tiers des femmes consacrerait 25 dirhams au transport par semaine contre 8 % seulement qui dépenserait plus de 200 dirhams. Un montant qui demeure élevé selon les femmes coutumières des transports en commun et les associations de défense des droits de la femme, surtout pour les femmes au foyer avec enfants à charge. Ainsi, pour la majorité des femmes, les abribus ne sont pas bien situés, pas couverts, peu sécurisés, mal entretenus, pas assez éclairés et les arrêts se font rares dans la périphérie de la ville. Par contre, la desserte des taxis est plus appréciée mais plus coûteuse et la plupart des femmes ne les voient passer que tous les quarts d'heure.

Un véritable parcours des combattantes pour ces femmes qui n'ont pas accès à l'espace public puisque ce dernier est monopolisé par le sexe fort. Reste à espérer que les recommandations de l'étude faite à la commune urbaine de Casablanca seront prises en considération pour rendre à la casablancaise ce qui appartient à la casablancaise : le droit de circuler librement dans les rues de sa ville.

Distances moyennes parcourues par les femmes

Selon l'étude menée, les déplacements des femmes comparés à ceux des hommes sont en importance plus nombreux à proximité du lieu d'habitat. À l'intérieur du quartier, les femmes se déplacent principalement pour faire des courses alimentaires, rejoindre le centre de santé et les établissements de formation primaire. Dans la commune, les femmes en majorité vont vers les services administratifs et les établissements secondaires de formation ou rejoindre le lieu de travail. Un cinquième des femmes travaillent à proximité de leur habitat.
En dehors de la commune, les femmes se déplacent principalement pour rejoindre leur lieu de travail ou d'études. A l'intérieur de la commune, certaines femmes marchent plus de 45 minutes pour rejoindre leur lieu de travail ou d'études. Pour circuler à l'intérieur de la préfecture et en dehors de celle-ci, les femmes utilisent principalement les transports en commun : autobus et grand taxi, mais aussi la voiture particulière et le petit taxi pour une minorité d'entre elles. Elles font des trajets variant entre 16 et 45 minutes et plus (en transport).
Ainsi pour rejoindre l'hôpital, un quart des femmes mettent 46 minutes et
plus dans les transports en commun.

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