La corniche d'Agadir a eu plus de succès qu'à l'accoutumée. Une scène qui célèbre la tolérance a pris possession du sable chaud de la plage en ce samedi 15 octobre. Plus de 200 000 personnes ont fait le déplacement pour assister à un spectacle qui s'est voulu riche en valeurs de respect et de paix. Riche également par sa programmation avec une palette d'artistes français et nationaux. Mais c'est dans une ambiance crispée que la star internationale Alexandra Stan a chanté pour Agadir et pour la France son tube «Mr saxo Beat» qui a transformée la plage d'Agadir en un dance floor géant. Celle qui a fait chavirer les cœurs et les corps des Marocains n'allait pas donner le ton de la soirée, puisque la magie du début s'est vite évanouie avec un Rachid Taha devenu l'ombre de lui-même. L'artiste n'a pas hésité à sortir la même recette passe partout avec la chanson «Ya Rayeh fin msafer».Chimène Badi qui a fait l'effort de faire le show, a présenté un extrait de son album «Gospel & Soul» aidée par une chorale gospel. Les BB Brunes ont opté pour «Imagine» de John Lennon pour faire passer le message et Magic System ont invité des enfants à «bouger, bouger» sur scène pour partager. Patrick Fiori, Collectif Metisse, Cheb Bilal, Anggun et beaucoup d'autres ont célébré l'amitié franco-marocaine et le partage entre les deux peuples.
Le peuple marocain était représenté par la fraîcheur de Oum et la bonne énergie de Ghany. «Je suis honoré de chanter devant un tel public et avec une palette d'artistes de ce genre», confiait le chanteur marocain avant le concert, contacté à peine 10 jours avant pour participer à l'événement.
Une expérience des plus valorisantes pour la scène marocaine qui n'avait visiblement pas sa place dans ce spectacle, apparemment obligé d'inclure des «artistes nationaux» pour respecter le quota du concept purement commercial en sacrifiant les valeurs humaines.
Des valeurs de partage qui sont visiblement passées inaperçues auprès de plusieurs artistes qui n'ont même pas eu la décence de faire des photos avec leurs fans ou de signer des autographes. Un public qualifié d'exceptionnel et de chaleureux, mais qui n'a pas hésité à jeter des bouteilles sur les artistes, sans doute en guise de remerciement, et une organisation des plus approximatives, puisque les espaces VIP ont été occupés par un public en délire, faisant des victimes parmi les jeunes qui ont dû être évacuées pour des problèmes de santé. Toujours dans la même vague de tolérance, la presse nationale n'a pas eu accès à l'espace «artistes» et n'a pas eu droit aux interviews.
La chose est d'autant plus révoltante que l'on sait que la presse internationale a bénéficié de tous les avantages et de tous les droits.
Un pari fort ambitieux que celui d'un Concert de la tolérance. Mais des valeurs qui ne sont pas allées au-delà du projet souhaité puisque les organisateurs n'ont pas su faire preuve de tolérance et de partage pour montrer l'exemple, malgré les efforts des organisateurs marocains qui ont tout fait pour arrondir les angles. Sur scène, le partage n'était pas au rendez-vous, malgré la bonne humeur du Collectif Métisse ou de Magic System et malgré l'humanité et le talent de Patrick Fiori et des BB Brunes. Même «Free» de Stevie Wonder, interprété par tous les artistes réunis à la fin, a sonné faux, donnant libre cours aux faux-semblants et soulignant une vérité absolue : la musique n'est tolérable que si elle est tolérante
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