Logement social Le nouvel eldorado des promoteurs immobiliers

Nous assistons à une ruée des promoteurs immobiliers vers le logement social, nouvel eldorado! Certes, c'est une bonne chose vu l'important déficit cumulé en habitations dédiées à une clientèle à revenus modestes ou même aux cadres moyens qui, faute de trouver un logement répondant à leurs besoins à des prix raisonnables, se rabattent sur ce type de construction à 250.000 DH l'unité, mais les opérateurs ne doivent pas profiter de cette situation pour se faire de l'argent et oublier l'intérêt du client final. Actuellement, les annonces fusent de partout, reste que la réalisation de tous les chantiers annoncés en même temps risque de provoquer une pénurie en main-d'œuvre, qualifiée surtout, et même un manque d'entreprises de construction. 

Pour l'heure, c'est l'euphorie. Les groupes avancent de grands chiffres et annoncent qu'ils orientent leur production à raison de 80% vers l'économique à 250.000 DH l'unité. C'est le cas du groupe Alliances, qui, à l'occasion de la présentation de ses résultats, a annoncé qu'il compte produire 80.000 logements économiques, dans le cadre de la loi de Finances 2010. A cette occasion, Mohamed Alami Lazrak, lui-même, s'est demandé ironiquement : «Est-ce que vraiment tous ces projets annoncés aboutiront ? Où est-ce uniquement la course aux annonces?». Questions que bon nombre d'intervenants se posent vu la lenteur des mises en chantier. De son côté, le groupe Addoha, dont le président a été le premier à répondre présent, a annoncé qu'il comptait construire 120.000 logements sur 5 ans, chiffre qui a été revu à la hausse quelques mois après, le portant à 150.000 unités. Cet opérateur ne s'est pas arrêté là, il a même revu, cette fois à la baisse, le montant de l'apport personnel exigeant seulement 40.000 DH au lieu de 70.000 DH, une ''somme handicapante'' pour une grande majorité de la population ciblée.

En agissant de la sorte, il s'est aligné sur les autres concurrents dont les avances démarrent à partir de 30.000 DH et ne dépassent guerre 50.000 DH. Pour sa part, le groupe Palmeraie Développement revient à ''ses anciennes amours'', vu l'attractivité de ce segment, en s'attaquant, via sa filiale «Les Espaces Saada», au logement social. Il s'est engagé à bâtir 80.000 logements supplémentaires sur une période de 5 ans. Le groupe Chaâbi, quant à lui, se démarque en proposant des prix à partir de 180.000 DH pour des logements sociaux et mène une campagne de communication agressive. Le groupe Jamaï ne déroge pas à la règle. Il a déjà entamé la mise en chantier des appartements à 250.000 DH l'unité à Casablanca. De son côté, la CGI a également annoncé qu'elle compte bâtir 100.000 unités d'ici 2020. D'autres opérateurs ont annoncé leur intention de prendre part à ce chantier national sans oublier la contribution des autres promoteurs moyens et petits. Les villes ciblées où la demande est grande restent Casablanca, Tanger, Agadir, Marrakech (Tamansourt, Chwiter et la périphérie), Kénitra, Tamesna. 

Du côté des matériaux de construction, les professionnels n'ont pas encore senti l'impact de ladite relance après l'agonie causée par le désintérêt des promoteurs immobiliers dès la suppression des exonérations fiscales (amendement de l'article 19). «Nous avons suivi à travers la presse les intentions déclarées des grands groupes. Nous attendons que cela se traduise par des actes et des faits», nous a confié Mohamed Bouhaouli, directeur délégué de l'Association professionnelle des cimentiers (APC). Et d'ajouter : «Pour l'heure, nous n'avons observé aucune augmentation de la demande du ciment en provenance de ce segment. D'ailleurs, les ventes termineront peut être l'année avec une petite baisse mais nous gardons espoir pour 2011». 

Pour ce qui est des entreprises de construction, déjà les sociétés étrangères ont manifesté leur intérêt. Elles seront nombreuses à prendre part au Salon international du bâtiment (SIB) qui se tiendra du 1er au 7 novembre 2010 à Casablanca. 
Du côté belge, une trentaine d'entreprises actives dans le secteur du bâtiment ont déjà confirmé leur présence. A noter qu'avec la panoplie des programmes annoncés validés et ficelés (acquisition du foncier, montage financier, mise en place du plan de commercialisation…) et ayant fait l'objet de conventions avec l'Etat, le citoyen marocain aura l'embarras du choix. Aussi, si les projets aboutissent, cela permettra de répondre à la demande en logements qui croît chaque année de 250.000 unités dont 60% en logement social. Une chose est sûre, moins d'un an après l'adoption du nouveau dispositif de du logement social, tel que défini dans la loi des Finances 2010, les déclarations annoncées par les grands promoteurs ont dépassé les objectifs fixés au départ. Les marges sont tellement conséquentes que même ceux qui opèrent dans le luxe ont freiné leurs investissements et y investissent avec prudence. C'est dire que maintenant le logement social, après des années d'abandon, est redevenu, grâce aux nouvelles incitations fiscales, la ''poule aux œufs d'or''.


De grosses marges

Le logement social est très prisé par les promoteurs immobiliers. Les importantes marges réalisées dans ce segment ont poussé les grands groupes à orienter le gros de leur production vers ce segment très rentable. 
Malheureusement, le segment de 140.000 DH l'unité n'a pas eu le même succès vu le niveau «moins grand» des bénéfices malgré la péréquation. 
C'est dire, in fine, que nos promoteurs immobiliers, «trop gourmands», ont des leçons à prendre en matière de citoyenneté et que malgré les slogans et les discours éloquents, ils ne cherchent que leur propre intérêt. A rappeler que cette attitude remet sur le tapis le débat sur les marges excessives que les promoteurs immobiliers se font sans contrôle de l'Etat (persistance du noir). 
A titre d'exemple, d'après les statistiques du HCP et sur la période 1997‐2007, les investissements moyens déclarés par type de logement autorisé dans la région de Fès-Boulemane, s'élèvent à environ 142.000 DH pour des appartements, à 132.000 DH pour un logement de type maison marocaine et à 375.000 DH pour une villa. 
C'est ce qui ressort d'une étude concernant le parc logements réalisée par l'Inspection régionale de Fès-Boulemane, relevant du ministère de l'Habitat. Selon la même source, il n'y avait pas d'augmentations significatives des coûts déclarés aux cours des 10 dernières années, sauf en ce qui concerne les villas, passant en moyenne de 287.000 DH en 1997 à 432.000 en 2007. C'est dire que l'investissement dans l'immobilier est très rentable faisant fi de toute logique.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire