BAM: Pourquoi le taux directeur a été maintenu



L’inflation principalement orientée à la baisse

Prévisions plutôt optimistes pour Bank Al-Maghrib. Durant la dernière réunion de son Conseil, la banque centrale n’a pas jugé nécessaire de modifier son taux directeur, lequel a été maintenu à 3,25%.
Une décision particulièrement défendue par Abdellatif Jouahri, gouverneur de BAM, qui avance plusieurs arguments. Selon lui, «les évolutions entourant les perspectives d’inflation demeurent globalement orientées à la baisse sur le moyen terme, ce qui limite les risques et encourage le maintien du taux directeur à son niveau actuel».
En effet, les pressions émanant de la demande extérieure notamment devraient rester modérées l’année prochaine, bien que la volatilité des prix sur les marchés internationaux, en particulier ceux du pétrole, continue à alimenter les incertitudes. Dans ces conditions, les performances au titre de la balance des paiements devraient, selon Jouahri, «ressortir meilleures qu’il y a un an». Les réserves de change, quant à elles, se maintiendraient à des niveaux proches de ceux réalisés en 2008. De plus, plusieurs données tendent à indiquer que l’output gap des principaux partenaires du Royaume afficherait une valeur positive, notamment à partir du 4e trimestre 2010. Ce qui ne manquera pas de se répercuter sur la croissance globale, qui se situera entre 5 et 6% en 2009. Elle sera par la suite amenée à ralentir en 2010, sous l’effet d’une moindre contribution du secteur agricole, pour s’établir in fine aux alentours de 4%. Sur la base de l’ensemble de ces données, les prévisions de l’inflation restent globalement en ligne avec les objectifs annoncés en octobre par BAM (cf. L’Economiste du 05 novembre 2009). Toutefois, la prise en compte de la transmission de la récente hausse des prix des matières premières au niveau international s’est traduite par une révision à la hausse de la prévision centrale au terme de l’horizon de prévision, soit environ 2,5% au lieu de 2%. En moyenne sur cet horizon, l’inflation s’établirait à 1,9%.
Quant à l’inflation sous-jacente, elle devrait ressortir négative en 2009. A ce niveau d’ailleurs, Jouahri n’a pas manqué de rappeler que les données concernant le récent indice sur la consommation établi par le HCP, qui vient de remplacer le classique ICV, n’ont pas encore été transmises à BAM. Ce qui n’a pas permis à la banque centrale de donner plus de précisions sur l’évolution des prix.




Un plan d’action pour les banques en 2010

En marge de la réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib, tenue le 22 décembre dernier, Abdellatif Jouahri, gouverneur de la banque centrale, répond aux questions de L’Economiste sur la relation des banques avec leurs clients, notamment la création de commissions bancaires gratuites et la transparence dans le traitement des comptes. Il s’exprime également sur les ratings prévus pour les banques et sur l’avancée dans le futur rapport de stabilité financière.

- L’Economiste: Où en êtes-vous au sujet de la gratuité des commissions bancaires?

- Abdellatif Jouahri: Il s’agit de l’un des gros points que nous avons inscrits à l’ordre du jour de notre réunion avec le GPBM en novembre dernier. Nous avons conjointement mis en place le plan d’action pour 2010.
A ce niveau, plusieurs volets ont été traités, dont notamment les relations entre clients et banques. Nous sommes aussi en train de finaliser un benchmark sur les commissions du système bancaire marocain, qui inclut une comparaison entre plusieurs banques de la région Mena, en Europe et dans le bassin méditerranéen. Dès que cette étude sera terminée, nous allons la communiquer au GPBM, puis nous déterminerons avec celui-ci l’ensemble des commissions qui seront gratuites, ainsi que celles qui seront librement débattues avec les clients

- Qu’avez-vous prévu à ce niveau en 2010?

- Bientôt, nous allons fixer par voie réglementaire les conditions de ces gratuités.
Nous avons également demandé aux banques de commencer, à partir de l’année prochaine, à préciser dans les relevés de compte qu’elles produisent le montant global de toutes les commissions bancaires avec des intitulés plus clairs et plus détaillés pour les clients.
Nous avons enfin abordé plusieurs sujets comme la bancarisation et l’éducation financière de la clientèle. Nous réfléchissons aux meilleures conditions pour intégrer tous ces thèmes dans le système scolaire.

- Avez-vous avancé sur le système du comparatif bancaire?

- Nous disposons actuellement d’une véritable réglementation du système bancaire selon des critères de notation reconnus sur le plan international. Notre approche est basée sur une analyse point par point pour noter les banques. En revanche, tous ces ratings restent confidentiels et ne sont consultés qu’entre le système bancaire et Bank Al-Maghrib. Ils ne peuvent par conséquent être rendus publics.
Nous accomplissons également une réunion régulière avec les comités d’audit de chaque banque pour leur communiquer leurs faiblesses et leurs points forts.

- Qu’en est-il du rapport sur la stabilité financière?

- Nous travaillons déjà sur ce rapport, mais nous voulons que les autres organismes soient au diapason à ce niveau, notamment le CDVM et le département de l’assurance. Nous attendons que des rapports sectoriels soient présentés par chaque régulateur. Ainsi, nous pourrons les revoir et les regrouper pour dégager une vision globale de stabilité financière. Cela fait d’ailleurs partie de notre agenda pour l’année prochaine. 

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