La grande fête des enfants
Depuis plus d'une semaine, les préparatifs d'Achoura, fêtée aujourd'hui, sont allés bon train. Cette fête ne fait pas que le bonheur des petits, les grands en jubilent aussi. Le business des jouets battait son plein et il suffisait de faire un tour dans un souk populaire pour se rendre compte des préparatifs qui ont précédé le jour J. Poupées, épées, pistolets, tambours, pianos… sont étalés partout.
Trouver un passage libre, aux alentours du grand marché de Hay Hassani à Casablanca, relève de l'exploit. Les marchands poussent comme des champignons. Certains présentent leurs marchandises sur des carrioles à deux roues, d'autres étalent leurs articles à même le sol. «J'ai des jouets pour tous les âges. Pour les garçons et filles», se vante Abdelhadi. Ce marchand de jouets présente des produits de différentes sortes et couleurs. «Mes produits sont adaptés à toutes les bourses. Des jouets aux choix avec des prix abordables et une marge de négociation.
Les prix varient entre 20 et 80 DH. Les poupées qui parlent sont parmi les articles les plus chers et les plus prisés», ajoute-t-il. Son voisin de droite étale presque les mêmes marchandises. Habituellement marchand ambulant de sous vêtements et chaussettes, ce dernier change d'activité pendant la période d'Achoura.
«Cela rapporte mieux», explique-t-il. Comme à l'accoutumée, les petits détaillants sont concurrencés par les marchands de gros. Un tour d'horizon au marché de gros de Derb Omar montre que les grossistes se convertissent en détaillants. Pourquoi et comment ? La période oblige. «La demande est abondante en cette période. Il vaut mieux se convertir car cela rapporte davantage», soutient Houcine. Et d'ajouter : «Notre commerce prospère durant la semaine d'Achoura et des fêtes de Noël. Les parents viennent nombreux acheter les jouets qui font le bonheur des enfants».
Et Noël…
Achoura est le "père Noël marocain", disent certains.
Si Noël n'a pas la même signification pour les musulmans, il reste tout de même une occasion pour offrir des cadeaux et faire la fête. Les gâteaux sont devenus presque incontournables en cette occasion. «Cela fait deux semaines que nous travaillons sans relâche», souligne une vendeuse dans une boulangerie au quartier Gauthier, à Casablanca. Les commandes des clients affluent en cette période de l'année, ajoute-t-elle. Marocains ou étrangers, chacun fête le nouvel an à sa manière et pour ses propres raisons. Nadia est cadre commerciale: «J'ai toujours adoré Noël», dit-elle avec enthousiasme. Et d'ajouter : « Quand j'étais petite, ma mère qui travaillait chez une famille française ramenait un sapin, un gâteau et des cadeaux. J'ai gardé un grand attachement à cette fête, qui n'a pas forcément un caractère religieux. Je ne vois pas pourquoi je vais me priver et priver mes enfants de cette fête ». Elle ajoute que pour elle, Noël est une occasion en or pour offrir des cadeaux à son mari et à certains de ses proches.
Même son de cloche chez Abdel. Ce professeur assure qu'il fête à la fois Achoura et Noël. «Ce sont des occasions pour faire la fête, un point c'est tout», soutient-il. Abdel aime bien l'ambiance des fêtes et le bonheur qui se lit sur les visages des enfants. «J'achète un petit sapin pour ma fille qui fait ses études dans une école française. C'est ma manière de la protéger pour qu'elle ne se sente pas trop différente de ses camarades de classe», ajoute Abdel qui est marié à une Française. Selon lui, sa femme donne peu d'intérêt à cette fête, mais elle est enchantée dès qu'il lui offre un cadeau pour l'occasion.
Occasion par excellence pour s'offrir des cadeaux, Noël est très attendu par les commerçants. « Pour nous, cette période est la plus faste de l'année. Nous réalisons plus de 80% de notre chiffre d'affaires à cette occasion», indique une vendeuse dans une boutique à Maârif. En effet, presque toutes les boutiques branchées de ce quartier ont fait peau neuve et proposent également des réductions. «La demande est faible. Cela nous oblige à faire une promotion», souligne Jihane, gérante d'une bijouterie. «D'habitude, en cette période de fin d'année, nous recevons des commandes de la part des compagnies et sociétés qui veulent gâter leurs cadres. Mais crise oblige, les clients sont peu nombreux», ajoute-t-elle.
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