Les autres conducteurs étaient déroutés vers les autres avenues. Mais le grand flux de véhicules a fini par bloquer les autres artères comme les boulevards Rachdi et Paris. Ce chaos a empiré la situation du trafic à Casablanca déjà chamboulé par les travaux du tramway. Une cerise pourrie sur un gâteau moisi. Vers midi, le préfet de police est venu en personne pour constater l'anarchie occasionnée par le sit-in des associations et syndicats de conducteurs de taxis. Ces derniers ont imposé leurs règles et ont paralysé le centre de la métropole pendant plusieurs heures. «Nous ne sommes pas prêts de partir avant d'avoir une réponse à toutes nos revendications sociales», indique Rabik Laghnimi, représentant régional du syndicat des chauffeurs de taxi. La situation ne pouvait ainsi être débloquée qu'au gré du wali du Grand Casablanca.
A midi, aucune lueur de déblocage ne se présentait sur les lieux. Les protestataires sont restés fermes sur leur position. «Nous ne voulons plus être marginalisés. Nous sommes décidés à assainir ce secteur et mettre fin à la situation dégradée des chauffeurs», souligne Omar Arroud, secrétaire général du syndicat national des taxis. Pour lui, tant que le contrat entre les chauffeurs et les détenteurs d'agréments n'est pas rediscuté et révisé, le débrayage reste un recours légitime. «Il est inconcevable qu'un conducteur travaille pendant plusieurs années sur un taxi et à la fin du contrat, il se retrouve sans emploi parce que le propriétaire de l'agrément a décidé de le louer à un autre pour un prix plus cher», explique Omar Arroud.
Il est à noter que les agréments sont loués à 2.500 DH/ mois en plus de la «hlawa» (une somme payée en noir) qui peut aller jusqu'à 120.000 DH. «Pour que le marché soit toujours juteux, les détenteurs d'agréments préfèrent résilier le contrat avec les chauffeurs pour hausser la «hlawa». Ceci est contre la déontologie», explique Rabik Laghnimi. Les chauffeurs de taxi réclament ainsi un contrat ouvert avec les détenteurs d'agréments afin de garantir leurs droits.
Ces derniers appellent aussi à l'annulation de la fiche anthropométrique dans la liste des documents exigés pour l'obtention de la carte professionnelle. «On ne peut pas priver les personnes qui ont déjà fait de la prison ou celles qui ont des problèmes avec la justice d'exercer le métier de taximan», souligne Omar Arroud. Par ailleurs, les protestataires ont réclamé l'ouverture des portes d'adhésion à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). «Depuis 2007, les chauffeurs de taxi ne peuvent plus adhérer à la CNSS. Le directeur de la Caisse fait la sourde oreille face à nos doléances. De fait, plusieurs taximen se retrouvent sans protection sociale», ajoute un représentant syndical. Rappelons que le secteur des taxis est l'un des plus sensibles au niveau de la capitale économique.
Au moindre débrayage, la ville se retrouve paralysée. Malgré les tentatives du ministère de tutelle et des autorités locales d'assainir ce secteur, on est encore loin des desseins escomptés. Les chauffeurs de taxis ont mis fin à leur sit-in en milieu de journée mais ils disent être prêts à refaire le coup pour avoir leurs «droits».
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