Les taxis paralysent le centre-ville

Le mardi 28 décembre, il ne fallait pas marcher au centre-ville de Casablanca du côté du boulevard Hassan II et encore moins prendre sa voiture. A partir de 10h, un grand nombre de taxis petits et grands ont convergé vers la wilaya du Grand Casablanca et la mobilisation a continué tout au long de la matinée. Pour aller à la gare ferroviaire Casa port, les citoyens n'avaient d'autres choix qu'un footing forcé sur fond de klaxons insistants lâchés par les conducteurs stressés. Tout le tronçon menant au siège de la wilaya était fermé. Les agents de police présents sur place en force ne laissaient personne passer à part les chauffeurs de taxi. Un policier en civil faisait l'aller-retour de l'avenue Hassan II pour recadrer la situation.

Les autres conducteurs étaient déroutés vers les autres avenues. Mais le grand flux de véhicules a fini par bloquer les autres artères comme les boulevards Rachdi et Paris. Ce chaos a empiré la situation du trafic à Casablanca déjà chamboulé par les travaux du tramway. Une cerise pourrie sur un gâteau moisi. Vers midi, le préfet de police est venu en personne pour constater l'anarchie occasionnée par le sit-in des associations et syndicats de conducteurs de taxis. Ces derniers ont imposé leurs règles et ont paralysé le centre de la métropole pendant plusieurs heures. «Nous ne sommes pas prêts de partir avant d'avoir une réponse à toutes nos revendications sociales», indique Rabik Laghnimi, représentant régional du syndicat des chauffeurs de taxi. La situation ne pouvait ainsi être débloquée qu'au gré du wali du Grand Casablanca.

A midi, aucune lueur de déblocage ne se présentait sur les lieux. Les protestataires sont restés fermes sur leur position. «Nous ne voulons plus être marginalisés. Nous sommes décidés à assainir ce secteur et mettre fin à la situation dégradée des chauffeurs», souligne Omar Arroud, secrétaire général du syndicat national des taxis. Pour lui, tant que le contrat entre les chauffeurs et les détenteurs d'agréments n'est pas rediscuté et révisé, le débrayage reste un recours légitime. «Il est inconcevable qu'un conducteur travaille pendant plusieurs années sur un taxi et à la fin du contrat, il se retrouve sans emploi parce que le propriétaire de l'agrément a décidé de le louer à un autre pour un prix plus cher», explique Omar Arroud. 
Il est à noter que les agréments sont loués à 2.500 DH/ mois en plus de la «hlawa» (une somme payée en noir) qui peut aller jusqu'à 120.000 DH. «Pour que le marché soit toujours juteux, les détenteurs d'agréments préfèrent résilier le contrat avec les chauffeurs pour hausser la «hlawa». Ceci est contre la déontologie», explique Rabik Laghnimi. Les chauffeurs de taxi réclament ainsi un contrat ouvert avec les détenteurs d'agréments afin de garantir leurs droits. 

Ces derniers appellent aussi à l'annulation de la fiche anthropométrique dans la liste des documents exigés pour l'obtention de la carte professionnelle. «On ne peut pas priver les personnes qui ont déjà fait de la prison ou celles qui ont des problèmes avec la justice d'exercer le métier de taximan», souligne Omar Arroud. Par ailleurs, les protestataires ont réclamé l'ouverture des portes d'adhésion à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). «Depuis 2007, les chauffeurs de taxi ne peuvent plus adhérer à la CNSS. Le directeur de la Caisse fait la sourde oreille face à nos doléances. De fait, plusieurs taximen se retrouvent sans protection sociale», ajoute un représentant syndical. Rappelons que le secteur des taxis est l'un des plus sensibles au niveau de la capitale économique. 

Au moindre débrayage, la ville se retrouve paralysée. Malgré les tentatives du ministère de tutelle et des autorités locales d'assainir ce secteur, on est encore loin des desseins escomptés. Les chauffeurs de taxis ont mis fin à leur sit-in en milieu de journée mais ils disent être prêts à refaire le coup pour avoir leurs «droits». 


De petits taxis new look

Des petits taxis relookés circulent récemment au niveau de la capitale économique. Ces derniers ont échangé l'ancien porte-bagages qui porte le numéro de taxi avec une nouvelle plaque à voyant lumineux. «Ce changement a été apporté après la réunion des syndicats avec le wali du Grand Casablanca qui l'a proposé», indique un taximan. Toutefois, seuls quelques syndicats ont donné leur accord pour cette plaque à l'européenne. Les autres sont toujours réticents. «Il n'y a aucune note officielle qui confirme l'obligation de ce changement», affirme un représentant syndical. En effet, pour cette raison les taxis avec de nouvelles plaques ont été refusés à la visite technique. «En attendant un document officiel, les personnes qui ont opté pour ce nouveau relooking sont contraintes de trouver des solutions illégales pour continuer à circuler. En outre, on risque de les confondre avec les voitures des auto-écoles», ajoute-t-il. Rappelons que ce changement entre dans le cadre de l'opération d'assainissement du secteur des taxis au sein de la capitale économique. Il est aussi à même de redonner une nouvelle image aux taxis rouges. 

Quid des grands taxis ?

Le renouvellement du parc des grands taxis s'avère plus épineux que celui des petits. Plusieurs discussions ont été déjà menées entre la wilaya du Grand Casablanca et les syndicats des taxis blancs à ce sujet mais aucune décision n'est encore prise. «Les véhicules qu'on nous a déjà proposés ne conviennent pas au rythme quotidien des grands taxis», affirme un représentant syndical. A l'instar de ses confrères, ce dernier appelle à une subvention de l'Etat mais aussi à la suppression des taxes douanières afin d'importer de nouveaux véhicules. «On ne peut pas payer les traites d'une nouvelle voiture en plus des charges mensuels des taxis», ajoute-t-il. Selon des sources bien informées, des négociations sont en cours entre les différents protagonistes. Un accord de principe a été déjà donné pour une subvention de l'ordre de 90.000 DH, sachant que la valeur d'un véhicule neuf répondant aux normes exigées par le transport en grands taxis est estimée à 300.000 DH.

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