Celles-ci sont enchevêtrées, ayant trait à plusieurs causes dont la culture de rente», a tenu à souligner la présidente du Groupe de l'unité et de l'égalitarisme et membre de la commission Latifa Bennani Smires, hier, lors de la discussion du rapport en séance plénière. En premier lieu, l'implication de l'Algérie et du polisario est relevée. Présenté par le chef du groupe socialiste Ahmed Zaidi, le rapport dévoile que plusieurs indices et preuves tangibles prouvent l'existence de liens étroits entre un groupe à l'intérieur du camp de Gdeim Izik, l'Algérie et le polisario «et dont les membres ont été encadrés lors de visites répétées durant un an et demi dans les camps de Tindouf».
Les moyens de télécommunications, d'une haute technologie, et les devises saisies démontrent les liens entre ce groupe, l'Algérie, le polisario ainsi que d'autres parties étrangères. L'instrumentalisation des revendications sociales servait, en effet, des agendas politiques extérieurs qui avaient intérêt à générer la violence. Le rapport revient à plusieurs reprises sur le caractère pacifique des manifestations qui «étaient motivées par des intentions innocentes» et nourrissaient des objectifs purement sociaux. Les manifestants demandaient à bénéficier du logement, de l'emploi et des avantages comme les cartes de l'Entraide nationale. «Cependant, les demandes sociales ont été vite détournées par des criminels et des repris de justice d'obédience séparatiste dans le cadre d'un plan visant à porter atteinte à la stabilité et à l'unité du Royaume.
La commission a dénoncé «les méthodes barbares» consistant à tuer et égorger des victimes et à mutiler leurs cadavres. Par ailleurs, la responsabilité de l'administration est également pointée du doigt. La commission, qui confirme le bilan des morts annoncé officiellement, estime que l'autorisation de l'implantation du camp qui s'agrandissait au fil des jours était une erreur sécuritaire, politique, sociale et de gestion. Les responsables marocains sont épinglés par la commission qui relève un manque de vigilance conduisant à la mise en place de ce camp qui devait être surveillé de près. D'autres remarques sont soulevées. « L'incompréhension des prérogatives entre le wali et le président du conseil municipal s'est négativement répercutée sur la crise sociale ». Les dépassements enregistrés au niveau de la gouvernance locale (notamment pour la distribution des lots de terrain et les cartes de l'Entraide nationale, les avantages accordés dans le domaine de la pêche maritime) ont facilité l'opération de mobilisation de la population.
La commission fait incomber également la responsabilité à la faiblesse de l'encadrement politique et des mécanismes institutionnels de médiation (Partis, ONG et conseil élus) entre l'Etat et la population ou traditionnels (Chioukhs, notables) qui a participé à l'isolement de l'Etat face à des catégories de société ayant des objectifs différents voire contradictoires. Le financement du camp et la mise à disposition des protestataires des moyens logistiques a interpellé la commission qui appelle à l'approfondissement de l'enquête. La commission tient à relever « la disparité entre le volume des investissements publics et le niveau des indicateurs d'un côté, et la montée des protestations sociales ». La distribution inégale des bénéfices et la marginalisation de la part de l'administration territoriale, au cours des dernières années, de plusieurs dossiers ont permis la création d'un lobbies puissant.
Ce qui est à l'origine du malaise social nourri par le sentiment d'injustice et de marginalisation de la part de quelques tranches de la population. «En dépit de l'importance du volume des réalisations dans plusieurs secteurs de la part de l'Etat ; une partie de la population en a bénéficié alors qu'une autre en a été privée.»
Recommandations
La commission a émis quatorze recommandations dont la nécessité d'éviter l'exploitation politique des évènements au détriment de l'unité territoriale. Elle appelle à l'approfondissement de l'enquête relative au dispositif de sécurité mis en place le 8 novembre et à la nécessité du dédommagement de la population lésée notamment les commerçants et les investisseurs. Un appel est lancé pour entamer les investigations autour des dysfonctionnements enregistrés dans plusieurs secteurs notamment l'habitat, la pêche maritime, l'Entraide nationale, la gestion des biens publics…Les parlementaires critiquent « la culture des privilèges et du chantage, au point que même l'Etat n'a pas été épargné par ce chantage à travers l'amplification, par certains, du phénomène séparatiste. Certains leaders ont exploité cette obsession séparatiste comme moyen d'enrichissement, d'accession aux responsabilités et de rapprochement avec les centres de décision politique et économique au sein de l'Etat et des partis politiques, sans pour autant s'inscrire profondément dans la résolution des problématiques sociétales. ». La commission recommande, ainsi, la révision de « l'orientation » du développement ainsi que le mode de fonctionnement de la gouvernance locale afin de s'adapter aux nouveaux besoins dans la perspective de l'intégration concrète des ressources humaines de la région. L'encouragement exceptionnel de l'investissement privé et la lutte contre la culture de rente s'avèrent une nécessité.
L'encadrement politique et partisan devra s'adapter aux spécificités de la région. La commission fait endosser la responsabilité de certaines décisions internationales injustes à l'égard du Maroc à la diplomatie nationale et à toute institution représentant les citoyens en vertu de la constitution. Le devoir de la solidarité nationale nécessite la réconciliation et l'enracinement des valeurs de citoyenneté et d'unité pour contrecarrer les manœuvres des ennemis de l'intégrité territoriale, relève-t-on. Au niveau de la couverture médiatique, la commission estime que les médias publics devaient être au rendez-vous au lieu de traiter ce qui s'est passé à Laâyoune comme un événement ordinaire
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