En matière de réutilisation des eaux usées traitées, le Maroc accuse un retard. Il ne réutilise que moins de 10% des eaux usées épurées, alors que d'autres pays sont allés plus loin dans ce domaine. «Aujourd'hui, 700 millions de m3 d'eaux usées sont rejetées annuellement au Maroc, mais nous envisageons une réutilisation de 300 millions de m3 d'eaux traitées à l'horizon 2030», a indiqué Mhammed Makhokh, chef de division chargé de la qualité de l'eau au secrétariat d'État à l'Eau, lors du séminaire international sur la réutilisation des eaux traitées dans la région arabe, organisé dernièrement par l'Unesco à Rabat. Lors de cette rencontre, des expériences marocaines ont été présentées, comme le projet de Marrakech en cours d'achèvement et qui sera cofinancé par les complexes touristiques dotés de golfs. Selon Abdallah Ilhami, responsable à la Régie de distribution d'eau et d'électricité à Marrakech, ce projet sert à protéger le milieu naturel, économise l'eau et s'intègre dans le cadre du Plan Vert par la sauvegarde de la palmeraie de la ville ocre. Autre expérience exposée, celle d'Agadir, qui semble menacée. «Notre projet de réutilisation des eaux usées traitées est hypothéqué par les rejets industriels», a souligné M'barek Boujaajat, de la Régie de distribution d'eau à Agadir.
Pour ce qui est du projet de la ville de Meknès, selon Mostapha El Hiba, consultant à l'Agence internationale américaine de développement (USAID), cette expérience est concluante puisqu'elle a été bien accueillie par les agriculteurs. La pénurie d'eau et le besoin de protéger l'environnement et les ressources naturelles ont poussé les pays arabes à opter pour le traitement et la réutilisation des eaux usées comme source additionnelle dans leurs plans nationaux de gestion des ressources en eau. «Environ 43% des eaux usées générées par les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord sont traitées, un pourcentage relativement élevé, comparé aux autres pays en voie de développement. Cette situation est due à l'importance perçue des eaux usées en tant que ressource en eau. Néanmoins, les différents pays de la région arabe ne présentent pas les mêmes taux de traitement et n'utilisent pas forcément les mêmes procédés de traitement de leurs eaux usées. À titre d'exemple, toutes les eaux usées collectées au Bahreïn sont traitées, alors que moins de 10% des eaux collectées au Maroc, au Liban et en Libye sont traitées», a souligné Philippe Quéau, représentant de l'Unesco au Maghreb. La réserve souterraine d'eau douce est estimée dans la région arabe à 7.734 milliards de m3, alors que le volume d'eau qui réalimente ces réserves ne dépasse pas 42 milliards de m3 dans toutes les différentes régions.
Depuis l'an 2000, la réutilisation des eaux usées traitées a connu un développement très rapide avec une croissance des volumes d'eaux usées réutilisées de l'ordre de 10 à 29% par an en Europe, aux États-Unis, en Chine et jusqu'à 41% en Australie. Le volume journalier actuel des eaux usées réutilisées atteint 1,7 million m3/jour dans plusieurs pays comme le Mexique et la Chine. «Aux États-Unis, la réutilisation des eaux usées traitées en agriculture est une pratique très répandue. Trente-quatre États disposent de réglementations souvent très sévères. Ces mesures législatives et plus de trente ans d'expériences font de ce pays un leader au plan mondial dans ce domaine», a ajouté M. Quéau. En Floride et en Californie, respectivement 34% (340.000 m3/j) et 63% (570.000 m3/j) du volume total des eaux usées réutilisées sont destinées à l'agriculture. Malgré ces expériences, seulement 5% des eaux usées traitées dans le Globe sont réutilisées à l'heure actuelle, soit 0,18% de la demande mondiale en eau.
Initiative du Bassin du Nil
Les pays arabes représentent 5% de la population mondiale, alors que leurs ressources en eau correspondent à moins de 1% des ressources naturelles. Les ressources en eau renouvelables réelles totales dans les pays arabes sont estimées à 301 milliards de m3/an. Cependant, environ 57% du total des besoins en eau proviennent des eaux de surface partagées avec les pays voisins situés hors de la région arabe. D'ailleurs, des années d'efforts ont abouti à la mise en place d'accords, comme l'Initiative du Bassin du Nil sur la gestion des ressources en eau partagées. Toutefois, la plupart de ces accords sont partiaux, inefficaces et inéquitables en ce qui concerne l'ensemble des droits des riverains. À l'échelle régionale et interrégionale, la coopération en matière d'utilisation et de gestion de l'eau est fortement affectée par des tensions politiques.
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