C’est une rentrée chargée et lourde qui se profile aujourd’hui pour la classe politique, le gouvernement, les chambres élues, mais aussi pour les citoyens. Plusieurs causes expliquent cette appréciation. La première, la plus banale sans doute, mais néanmoins importante, tient au calendrier politico-électoral qui prévoit la tenue d’élections législatives anticipées le 25 novembre prochain. Les partis politiques, le gouvernement, la société civile, tous ont conscience que cette échéance est cruciale pour la première matérialisation des aspirations au changement et des réformes que le référendum constitutionnel du 1er juillet dernier a mis au devant de la scène, en réponse claire et positive aux revendications sociales et populaires. Mais traduire dans la composition de la prochaine Chambre des Représentants ces aspirations populaires, juvéniles notamment, largement confortées par la volonté royale, ne semble guère chose aisée tant s’expriment les réticences d’une grande partie de la classe politique, toutes tendances confondues, vieillie et rétive au changement, engluée dans ses pratiques politicardes et ses travers historiques. On le sent bien tant sur la question des quotas pour la liste nationale des Femmes et des Jeunes, que sur celle des seuils de représentativité, (3% au national et 6% au local) qui confirme la déplorable propension des acteurs partisans à favoriser la balkanisation du champ politique, alors que le principe impérial latin « divide per impera » semble encore à l’honneur. L’opinion publique est, d’ailleurs, tiraillée par des sentiments contradictoires et antagonistes. Elle remarque notamment que le gouvernement (sortant) fait montre d’efforts louables de communication (cf.le site makassib.ma), témoigne d’une volonté de fermeté dans la lutte contre les irrégularités, (cf. le courage de Mme Yasmina Baddou dans sa croisade contre les cliniques hors-la-loi), s’apprête même à introduire un nécessaire impôt de solidarité en taxant les riches, en prévision des prochaines difficultés budgétaires, et s’engage, avec un ministère de l’Intérieur patient et consensuel, dans la préparation minutieuse et transparente, du prochain scrutin électoral. Dans le même temps, les forces politiques font figure d’acteurs encore démobilisés, immatures et peu préparés sur les questions de fond qui devraient les mobiliser, telles la mise au point de programmes électoraux convaincants et en rapport avec les défis de l’heure, mais aussi la sélection sévère et transparente de leurs candidats, selon des critères de respectabilité, de compétence et d’honnêteté qui ont largement fait défaut dans leurs choix passés.
Quel Budget et avec quoi ?
La seconde raison qui annonce une rentrée lourde et des mois prochains difficiles tient à la conjoncture économique et financière nationale. Le gouvernement s’apprête à présenter, en effet, un projet de loi de finances qui, une fois voté, sera exécuté par une autre équipe et critiqué par une nouvelle législature. Ce projet, on le sait, sera donc adopté en urgence au cours d’une session parlementaire extraordinaire également consacrée à l’adoption des lois organiques dédiées au scrutin du 25 novembre. Mais les finances publiques sont en mauvais état, mises à mal par les exigences de la Caisse de Compensation, la charge des salaires dans la Fonction Publique alourdie par des recrutements « d’opportunité » au printemps dernier et les baisses des recettes constatées à cause de la conjoncture internationale et régionale (Tourisme, MRE, etc). En outre, la récession qui s’installe en Europe (crise de la dette) et aux Etats-Unis n’augure rien de bon pour des pays comme le Maroc qui en subira prochainement sans doute l’impact du fait de son ouverture sur le marché international. Cette conjoncture impactera également les entreprises et partant l’emploi, alors que les dérapages inflationnistes sont à craindre, que le pouvoir d’achat des plus nombreux est constamment rogné par la hausse du coût de la vie et que le prochain gouvernement sera dans l’obligation de régler une fois pour toute l’épineuse question de la Compensation, gouffre abyssal de nos finances publiques. Des mesures douloureuses et socialement très sensibles seront à prévoir et rien n’indique pour l’instant que les partis politiques s’inquiètent de ces échéances inéluctables... 2012 sera, estiment nombre d’analystes et d’observateurs, une année de crise, et chacun aujourd’hui, en cette rentrée, doit en prendre la mesure et préparer les stratégies à même d’en affronter les effets sous peine de voir le printemps remplacer l’hiver....
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire