Jeudi 20 octobre à la médiathèque de la Mosquée Hassan II, la nostalgie et l'histoire étaient au rendez-vous. Dans une ambiance à l'ancienne, grâce à de vieilles photos de la médina d'antan, le comité de pilotage du projet et l'agence urbaine de Casablanca présentaient à l'ensemble des personnes ayant répondus présentes l'état d'avancement du projet de réhabilitation de l'Ancienne Médina, dont les travaux ont commencé en aout 2010. «Nos objectifs sont nobles. Il s'agit tout d'abord d'améliorer les conditions de vie des habitants et de redynamiser les activités commerciales, de service et de l'artisanat», commence Mohammed Aouzai, directeur général de l'Agence urbaine de Casablanca. «Aujourd'hui, l'ensemble des études et des travaux sont avancés conformément au planning prévisionnel», poursuit-il, apparemment satisfait des travaux en cours.
Le planning qui s'étale sur la période allant de 2010 à 2013 se décompose en trois phases. Le programme numéro 1 englobe toutes les opérations dites urgentes, comme le relogement des bidonvilles et des occupants des édifices publics, les constructions menaçant ruine, les espaces verts, le renouvellement de l'infrastructure de base (assainissement, eau potable, électricité, éclairage public, etc.), la rénovation des murailles et des portes, la réorganisation des activités commerciales et de service, la résolution du problème du déficit de l'équipement public ou encore du réaménagement du circuit touristique. À ce jour, 84 des 150 ménages bidonvillois bénéficiaires du programme de relogement ont été tirés au sort et 51 d'entre eux ont déjà été relogés à Hay Moulay Rachid. En ce qui concerne les constructions menaçant de s'effondrer, l'étude réalisée a conclu que 19 bâtiments souffraient de dégradations au niveau de leurs structures. Ainsi, 8 feront l'objet de démolition et 11 d'un confortement, alors que 47 bâtiments ne nécessiteront qu'un entretien.
D'autre part, les travaux de renouvellement des infrastructures de base sont entamés avec le début des travaux de la première tranche de l'assainissement et de l'eau potable qui porte sur une superficie de 20 hectares structurée en 3 lots. Dans la même démarche de réhabilitation, la muraille de 1 703 mètres et les sept portes de la Médina sont en cours de restauration au niveau de deux tronçons : Bab Jdid, Bab Afia-Sqala et Arsat Zerktouni). Les autres projets étant en cours d'étude ou sur le point d'être entamés en novembre 2011.
«L'ensemble du projet suit son cours sans aucun soucis majeur, malgré les difficultés rencontrées à cause du droit de propriété et de la non-immatriculation des bâtiments, empêchant toute transactions immobilières», témoigne M. Aouzai. À cet effet, le deuxième volet du programme s'attaque au fond du problème grâce à une enquête foncière en collaboration avec la Conservation foncière du cadastre et de la cartographie. Une étude difficile à mener, qui a déjà avorté à de nombreuses reprises.
Un projet qui s'attaque au patrimoine mais également aux problèmes majeurs de l'Ancienne Médina qui sont l'éducation, la santé, le sport, l'environnement, la délinquance, le chômage ainsi que la culture. Un projet qui a omis, selon un habitant du quartier depuis plus 50 ans, d'inclure les problèmes d'insécurité : «L'Ancienne Médina n'est plus ce qu'elle était. La solidarité et la confiance entre voisins n'existent plus», explique Houcine, né à l'Ancienne Médina en 1951. Aujourd'hui, tout cela a laissé la place à des voleurs, des dealers de drogue, des hooligans et des réseaux de prostitution». Des maux de l'Ancienne Médina, et de la ville en général, puisque beaucoup d'autres quartiers en pâtissent aussi. L'heure est donc au changement et les autorités se doivent de tendre l'oreille auxhabitants du quartier pour mieux cerner les attentes et les besoins de ces derniers.
En attendant 2013, où l'ex-cœur de Casablanca devrait retrouver son âme et sa blancheur, le comité de pilotage se doit d'assumer son rôle de guide pour éviter à l'Agence urbaine de Casablanca de rater un projet d'aussi grande envergure.
Équiper l'Ancienne médina, une priorité publique
Pour pallier le déficit en équipements publics de proximité, les solutions envisagées vont soit vers des reconversions et des mises à niveau des équipements existants, soit vers de nouvelles créations.Suite au diagnostic effectué, les besoins sont d'ordre socioculturel comme la mise en place d'une maison de jeunes, d'une maison du 3e âge, d'un foyer féminin, d'un terrain de sport et d'un centre de lutte contre les addictions. Ainsi, l'ancienne église espagnole San Buenaventura sera reconvertie en Maison de la culture pour les jeunes, le boulevard des Almohades accueillera un espace de rencontres des générations de l'Ancienne Médina et le centre de santé Bousmara se verra doté d'une aile dédiée à la lutte contre la toxicomanie. Autant de projets qui prônent le renouveau à partir du vécu. Mais qu'en sera-t-il des cinémas mythiques du quartier qui ont fait le bonheur de l'ancienne génération ?
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