Les choix économiques du PJD continueront de passionner la scène politico-économique longtemps encore. Car, il est inconstatable que la fibre islamique qu'ils charrient invite naturellement à poser des questions sur la faisabilité de ces ambitions. Citons-en la réalisation d'un taux de croissance de 7%, l'aide direct aux familles en difficultés relevée à 1.000 DH, le relèvement de la pension minimum de retraite de 1.000 à 1.500 DH, un smig à 3.000 DH…la liste est longue. Dans un contexte de crise marqué par la récession mondiale et la dette des partenaires européens qui ont du mal à la résorber, le tableau devient moins reluisant qu'on veuille le montrer. Le PJD a-t-il les moyens de ses ambitions? Pour Abdelaziz Rebbah, membre du secrétariat général du parti de la lampe, arriver à 7% de croissance est un objectif de fin de mandat. En d'autres termes, le PJD veut faire de ce taux (7%), qui donne le tournis aux dirigeants de l'autre rive de la méditerranée, le résultat d'une nouvelle approche de la gestion économique du pays. Tout dépend donc de la dynamique que les secteurs économiques sont appelés à connaitre durant les cinq années du prochain mandat gouvernemental. Inutile aussi d'avoir les yeux constamment rivés sur les équilibres macro. Rebbah ne trouve aucune gêne à ce que le déficit budgétaire dépasse d'un ou deux points le taux conventionnel de 3% si cette flexibilité s'avère bénéfique pour l'économie. Dans ce cas de figure, c'est l'investissement, principalement public, qui prime d'autant plus fortement lorsqu'il s'agit d'infrastructures et de services de proximité à portée sociale. Tant que l'on est assuré d'avoir un retour sur investissement via ce dépassement du déficit, les institutions financières mondiales peuvent être tolérantes. Car, le PJD qui gère plusieurs communes n'omet pas qu'il faut s'endetter pour investir et qu'une collectivité territoriale qui réussit est celle-là même qui arrive à convaincre les bailleurs de fond qu'ils soient étrangers ou nationaux. Toutefois, le PJD veut introduire deux éléments essentiels liés à la bonne gouvernance de l'endettement. Primo, bien négocier l'argent emprunté aux institutions financières, notamment par rapport au taux. Deuzio, la bonne utilisation de cet argent via la rationalisant des dépenses et la mise en place de tableaux de bord pour le bon suivi des engagements et réalisations. Le PJD avec l'Istiqlal peuvent marier leurs efforts pour agir sur un domaine qui leur tient à cœur à savoir la lutte contre la corruption. Sachant qu'aujourd'hui, la note du pays est loin d'être satisfaisante (3,5 sur 10), tout porte à croire que l'amélioration de cet indice sera une priorité. Pas uniquement pour améliorer l'image à l'extérieur, mais également et surtout pour pouvoir gagner un point de BIP, selon la moyenne internationale. Pour Rebbah, si le prochain gouvernement arrive à assécher les ruisseaux qui alimentent la corruption y compris les lourdeurs administratifs et autres passe-droits, l'économie gagnera en visibilité. La confiance entre porteurs de projets et pourvoyeurs de capitaux n'en sera que plus renforcée et c'est là que l'on peut arriver à ce point d'inflexion propice à une économie saine. De cette manière, ce que Rebbah appelle l'épargne gelée peut être captée pour alimenter progressivement les veines de l'économie. En effet, il y a une grande marge de manœuvre pour améliorer le taux de bancarisation, notamment par le biais des produits alternatifs et de la banque islamique. Par effet d'entonnoir, toutes ces idées ont pour cible ultime l'amélioration des indicateurs sociaux. Aujourd'hui, le Maroc est 130e au classement mondial du développement humain. Certes, le pays a toujours été transparent en ce qui concerne les indicateurs qui rentrent dans le calcul de l'indice, mais il n'en reste pas moins vrai que les déficits sociaux pèsent encore sur le moral des Marocains. L'éducation, la santé, l'habitat et le niveau de vie dans le monde rural sont autant de secteurs où tout reste à faire.
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