C'est devant les étudiants de différentes écoles marocaines, professionnels du secteur et un public venu nombreux, que le réalisateur Nuri Bilge Ceylan a pris la parole, pendant plus d'une heure et demie, pour répondre aux questions du journaliste et critique de cinéma Jean-Pierre Lavoignat. Des réponses qui l'ont renvoyé vers sa jeunesse où il n'était pas encore question pour lui de faire du cinéma. «Je crois que de mon temps, le cinéma a compté pour tout le monde, vu qu'il n'y avait pas d'Internet ni de vidéo. Le grand écran avait un grand impact. On a appris à vivre à travers le cinéma. Même les filles on les voyait au cinéma. C'était un mode de vie. L'effet des films continuait à vibrer en nous plusieurs jours après », souligne Nuri Bilge Ceylan qui lui semblait, qu'à cette époque, le cinéma était difficile. D'ailleurs, comme il l'avait précisé, le septième art était entre les mains d'une petite communauté à Istanbul. «Ce n'est qu'après mes études universitaire d'ingénieur chimiste et électrique que j'ai commencé à faire de la photographie. Ce qui m'a donné du courage pour m'essayer à la caméra et faire un court métrage que j'accomplis pratiquement tout seul. C'est-à-dire montage, réalisation, photo, etc.» C'est là où Nuri a appris le métier, alors qu'il ne connaissait même pas l'importance de ce qu'il faisait. Un jour, il envoie son film «Koza» à Cannes. Et à son grand étonnement, son produit fut accepté et projeté en mai 1995 en tant que premier court métrage turc dans la compétition du festival. C'est là le départ d'une carrière qu'il ne s'était jamais imaginé. «Le cinéma est quelque chose d'étrange qu'on ne peut parfois pas expliquer. C'est un sentiment qu'on ressent par rapport à une scène ou à une histoire et qu'on ne peut pas décrire. C'est plus fort que nous. C'est ce qui m'est arrivé. Alors, j'ai commencé à chercher et à travailler. Je ne peux pas vous dire que j'ai un style propre à moi. Je suis un élève et je le resterai encore. Je suis instinctif. Il faut que je ressente la scène avant de l'écrire», ajoute-t-il. Par exemple, Nuri ne sait jamais où il va tourner ses films. C'est son instinct qui le guide et il travaille toujours avec une petite équipe pour mieux maîtriser son projet. «Je dois tout contrôler moi-même sinon je serai l'esclave des techniciens. J'ai appris, donc, tous les métiers du cinéma. C'est une manière de pousser les techniciens à dépasser les règles qu'ils ont acquises». Ses ambitions ne se sont pas arrêtées là. Ceylan a même joué le rôle d'acteur dans son film « Uzak » (distant) parce qu'il croyait que personne ne pouvait donner certaines sentiments qu'il ressentait lui-même vis-à-vis du personnage principal. Sa manière de diriger les acteurs est, aussi, différente, car il n'aime pas leur imposer quoi que ce soit. «Les acteurs ne doivent pas trop travailler. Ils faut qu'ils restent relax pour mieux donner». Ce réalisateur, très connu sur la scène internationale, reconnaît son caractère mélancolique. « C'est peut-être cela qui nourrit ma passion pour la réalisation. Le cinéma représente pour moi une sorte de thérapie. Car faire un film vous permet de mieux comprendre la vie », conclut Nuri Bilge Ceylan. Hommage chaleureux à Mohamed BastaouiLe public a vécu, lundi dernier, un moment fort avec l'hommage rendu à Mohamed Bastaoui. La cérémonie fut rehaussée par la présence de l'artiste Touria Jebrane, accueillie par une pluie d'applaudissements. Son allocution a créé une grande émotion dans la salle qui n'a pas arrêté de l'ovationner. «Je ne peux ne pas être présente en ce grand jour d'hommage. Et pour cause, Bastaoui est une partie de moi, de ma mémoire. Je me permets de dire que Bastaoui est mon fils. On s'est rencontré sur les planches dans plusieurs travaux, en compagnie de nos collègues Neffali, Khemmali et Ouzri. On s'est partagé la joie, la souffrance, les sacrifices… On a appris et progressé avec d'autres amis artistes et intellectuels. Aujourd'hui, je le remercie pour ses qualités humaines, sa modestie, sa bonté, sa générosité et son amour pour les autres. Merci à ceux qui l'ont choisi pour cet hommage unique. Nous t'aimons et nous sommes fiers de toi». Une note très touchante qui a donné les larmes aux yeux à beaucoup de gens. | |
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