Le programme en question devait concerner l'aménagement de plusieurs espaces de la ville dont les parcs de la Ligue arabe et de Sidi Bernoussi, les espaces verts de l'avenue Mohammed V, la réfection du parc zoologique, la création de nouveaux espaces verts au niveau du périmètre urbain et la plantation d'un million d'arbustes. D'autres projets étaient également prévus dans le cadre de ce programme mais pour l'instant, seuls quelques petits jardins ont été créés, alors que la majorité des espaces existants sont en état de délabrement total. «La situation est désolante dans les grands jardins comme dans les squares. Il n'y a pas de bordures, d'éclairage, de gazon et encore moins de plantes », indique un responsable communal. Il faut dire que dans la majorité des quartiers casablancais, les jardins ne sont qu'un vague souvenir dans la mémoire des habitants. «Il est passé le temps où on pouvait se promener tranquillement dans les jardins du centre-ville. Aujourd'hui, les parcs sont abandonnés laissant place aux ordures et aux gens perdus qui les habitent. Ce sont des lieux de perdition, drogues et agressions, gagnés par toutes les misères qui s'y concentrent», indique un vieil habitant de l'arrondissement Sidi Belyout. En effet, au niveau de cette partie de la ville, seuls les arbres survivent tant bien que mal aux traitements cruels qu'on leur inflige. Il n'est plus rien à sauver qu'eux, fiers témoins des splendeurs passées. «Il n'est plus rien à restaurer désormais, le temps du laisser-aller a fait son œuvre de détresse et de désolation, il faut tout reconstruire», explique un fonctionnaire communal. Et d'ajouter qu'il faudrait augmenter le budget de fonctionnement octroyé aux arrondissements ou bien réserver une partie du budget d'équipement de la ville aux espaces verts abandonnés. «On fait un entretien quotidien dans tous les jardins sous notre autorité mais avec moins 100.000 DH par an, on ne peut pas subvenir à tous les besoins de ces espaces», nous confie une source communale sous couvert d'anonymat. Face aux faibles moyens des arrondissements, ces derniers se limitent à envoyer des rapports au Conseil de la ville. «On n'a pas les ressources financières nécessaires ni l'autorité de réaménager tous les jardins et squares de l'arrondissement. A titre d'exemple, on ne peut pas résoudre le problème de l'éclairage dans les jardins parce que la ville doit payer un avenant à la Lydec. L'éclairage décoratif n'est pas inclus dans le cahier des charges», apprend-on de même source qui affirme que les espaces verts n'ont presque pas de part dans le budget du Conseil de la ville. En effet, les espaces verts d'une superficie supérieure à 1 hectare relèvent de l'autorité du Conseil de la ville. Pour les gérer, ce dernier les confie à des associations ou des entreprises privées. Toutefois, cette solution ne semble pas améliorer la situation des jardins comme celui de «La Concorde» ou celui de «Loubila» à Sidi Belyout . Ce dernier a été aménagé en espace de jeux mais les habitants de la région n'ont pas toujours les moyens pour payer leurs billets d'entrée. «Si on ne crée pas de nouveaux espaces verts, on doit au moins sauvegarder ceux qui existent déjà. Pour ce faire, on doit mettre un système de gardiennage plus sécurisé, d'autant que les gardiens des communes sont parfois agressés», indique un responsable communal. Ce fonctionnaire appelle également à sensibiliser davantage les enfants et les jeunes casablancais afin d'arrêter les actes de vandalisme qui détruisent les arbres et les équipements des jardins. Il est à noter que la ville est loin des normes internationales admises par l'OMS (10 m2 par habitant). La moyenne d'espaces plantés par habitant n'est que de 1,4 m2, alors que la végétation et la nature renforcent l'attention spontanée de l'être humain, permettent à son système sensoriel de se détendre et lui insufflent une énergie nouvelle. En effet, des visites dans les espaces verts sont synonymes de détente et aiguisent la concentration. La gestion déléguée contestéeLes jardins confiés aux entreprises privées ne sont pas mieux gérés que les autres. «Les espaces verts administrés par le secteur privé doivent être réaménagés de façon professionnelle. On ne doit plus se contenter des travaux d'amateurs faits à la sauvette », explique un responsable communal. Et d'ajouter que les employés de ces entreprises ne se soucient pas de l'intérêt de la ville. A titre d'exemple, ils procèdent à l'arrosage entre 12 et 14h, alors qu'un arrosage intelligent devrait se faire le soir ou le matin de bonheur. «En regardant les employés des entreprises privées travailler, je m'aperçois vite qu'ils n'ont aucune notion de l'économie de l'eau. Il faut dire aussi que c'est la ville qui paie les factures », déplore une source bien informée.Il est à noter que la ville a déjà installé une politique d'arrosage par puits mais faute de moyens, on a cessé de les entretenir. Rappelons que la gestion déléguée des espaces verts de la ville est répartie entre un tantinet d'entreprises. Pour l'instant, les expériences réussies dans ce secteur sont celles des jardins gérés par des entreprises citoyennes ou par les habitants eux-mêmes comme c'est le cas du jardin Mohamed Abdou ou encore celui avoisinant la marina. |
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