Casablanca Fermeture des parcs d'attraction

Les enfants casablancais ne savent plus à quel saint se vouer. Disons plutôt que ce sont les parents qui se retrouvent dans l'embarras face à leurs rejetons. Depuis près de deux semaines, les parcs d'attraction publics, à l'agonie depuis des années, sont fermés. Et la cause de cette fermeture est tout bonnement abracadabrante : «Nous sommes en rupture de stock de tickets d'entrée, du coup on ne peut pas travailler et on ne fait que renvoyer les clients depuis une douzaine de jours. Si les parents se contentent de tourner les talons, certains enfants le prennent très mal et piquent leur petite crise, mais on n'y peut rien. Actuellement, nous venons faire nos heures de travail en attendant de voir ce qui sera décidé», explique un employé dans l'un des parcs casablancais.
La situation est d'autant plus déplaisante que la clientèle qui fréquente ces parcs, tous les mercredis après-midi et les week-ends, est dans son écrasante majorité à faibles revenus. C'est-à-dire une importante population qui ne saurait avoir les moyens d'aller dans des parcs de jeux privés, où les prix n'ont rien à voir avec ceux pratiqués dans les parcs publics encore opérationnels, à savoir Yasmina, Ifriqia et Aïn Sebaâ.

«Le personnel est toujours sur place, il fait acte de présence selon le nombre d'heures figurant dans son contrat de travail, mais il n'y a aucune activité au sein des parcs. La raison en est tout simplement que les responsables au niveau de la régie ne nous ont pas approvisionnés en tickets. À notre niveau, nous n'y pouvons rien, car c'est la responsabilité de l'administration et non pas celle du syndicat», souligne pour sa part Zakaria Haskouri, responsable du parc Ifriqia et secrétaire général du syndicat affilié à la CDT (Confédération démocratique du travail) regroupant les employés des parcs de jeux.

En temps normal, la régie dépendant de la communauté urbaine approvisionnait les parcs en question en tickets avant la rupture du stock. En arriver à la situation qui prévaut aujourd'hui ne peut refléter qu'une mauvaise gestion à ce niveau, sachant que la même régie approvisionne en tickets d'autres structures, comme les abattoirs de Casablanca. Les parcs de jeux de Casablanca dépendent aussi bien de cette régie, qui s'occupe également de la collecte des recettes, que de la Division de la culture et de l'animation relevant du Conseil de la ville.

«Ce qu'il faut avoir à l'esprit, c'est que les parcs d'attraction de la métropole sont plus à inscrire dans le secteur éducatif que dans celui des loisirs. Le gel que connaît l'activité actuellement a inéluctablement des répercussions négatives, aussi bien sur les enfants que sur les parents dont les moyens ne permettent pas d'aller ailleurs», indique le syndicaliste. En d'autres termes, il s'agit là de la dernière «soupape» que peut offrir la ville en matière d'animation publique.
Parallèlement, il faut souligner le manque à gagner pour la ville quand on pense aux recettes réalisées sur l'ensemble des parcs. Certes, les chiffres ont baissé de manière vertigineuse à cause de la dégradation ou de la fermeture des parcs d'attraction. Cependant, les recettes engrangées, aussi dérisoires soient-elles, constituent une rentrée d'argent pour la ville.

En fait, sur les sept qui existaient auparavant, Casablanca n'en compte plus que 3 parcs d'attraction, si on peut encore les qualifier ainsi. L'état de décrépitude avancé qui les caractérisent en fait de véritables vestiges de ce que furent, durant les années 90, les pôles d'attraction qui drainaient la population en masse. Aujourd'hui, les manèges ont complètement disparu des parcs Murdoch, de ceux de l'Érmitage et de Aïn Chok, suite à leur réhabilitation et leur transformation en espaces verts. Quant au parc Sindibad, celui-ci est ouvert, mais les jeux ne sont pas opérationnels depuis des lustres. Et seuls les parcs Yasmina, Ifriqia et Aïn Sebaâ continuent à avoir un semblant d'activité, vu que 90% des machines sont hors service. Chose qui équivaut à 90% d'activité en moins et de recettes en moins. Une réalité qui fait de ces lieux d'attraction en espaces de moins en moins attractifs.

Situation conflictuelle

Les parcs d'attraction de la métropole se caractérisent par une série de conflits sociaux. Affilié à la CDT (Confédération démocratique du travail), l'ensemble du personnel qui assure le fonctionnement de ces lieux de loisirs vit au jour le jour. «Depuis le 31 janvier 2002, date à laquelle la Communauté urbaine a repris la gestion des parcs, nous ne bénéficions plus de couverture sociale et médicale. Pourtant, les retenues sur nos salaires sont toujours de rigueur, sans que nos cotisations à la CNSS ne soient réglées», nous avait déclaré Zakaria Haskouri. Au total, ce sont 220 employés qui souffrent de cette situation depuis l'année 2002, date ayant vu s'amorcer le déclin des parcs casablancais, car plus aucune dépense n'allait être effectuée en faveur de ces lieux de loisirs. Depuis, c'est le personnel, composé de conducteurs de manèges, de mécaniciens, d'électriciens, ceux travaillant dans l'atelier de tôlerie, les veilleurs de nuit et de jour, ainsi que le personnel de l'administration, qui se battent pour que les machines ne s'arrêtent pas. Il font avec les moyens de bord pour les garder opérationnelles, mais quand la panne nécessite obligatoirement une pièce de rechange, c'est l'arrêt pur et simple du manège.

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