La criminalité continue de fluctuer


Posez la question à n'importe quel habitant d'une grande ville «Est-ce que vous vous sentez en sécurité ?», la réponse ne se ferait pas trop attendre: «Non». Ce NON catégorique est-il justifié ou pas. La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) essaye de fournir des éclairages chiffrés via la publication de statistiques annuelles.

Les dernières en date, celles de l'année 2010 où les données centralisées des 18 commandements de police sont rassemblées et analysées, font état d'une régression de la criminalité apparente (affaires enregistrées et traitées par les services opérant en milieu urbain) de l'ordre de 2% (329.332 affaires en 2010, contre 335.528 en 2009) et de la criminalité violente (crimes de sang, agressions sexuelles, vols aggravés) de 3% (37.653 affaires enregistrées en 2010 contre 38.786 en 2009).

Toutefois, «la criminalité non apparente, communément appelée «chiffre noir de la criminalité», bien qu'elle n'influe que faiblement sur le sentiment d'insécurité des populations, n'en demeure pas moins très dangereuse», souligne le rapport de la DGSN. Selon le rapport, ce recul qui constitue la première baisse de la criminalité globale depuis l'année 2006 a été engendré par les mesures de sécurité instaurées par les services de Police à l'échelle nationale. «La régression globale observée en 2010 est due à la baisse de grandes catégories d'infractions», lit-on dans le rapport. En effet, les atteintes aux biens ont régressé de 2% à 81.000 affaires enregistrées en 2010, contre plus de 82.000 en 2009. Les atteintes aux mœurs et à la famille ont régressé de 10% (74.481 affaires en 2010, contre 82.900 en 2009). Les atteintes à l'ordre public et à l'autorité se sont élevées à 6.622 en 2010, contre 7.237 une année auparavant, soit une baisse de 8%. De son côté, les affaires de la migration irrégulière se sont chiffrées à 5.143, en régression de 2,85% par rapport à l'année précédente.

En revanche, les infractions économiques et financières (+1,07%) et autres infractions diverses (+13,44%) ont connu une certaine progression.
Concernant la criminalité violente, la régression a concerné la quasi-totalité des infractions répertoriées dans cette rubrique, dont plus particulièrement les vols sous la menace d'armes blanches et à l'arraché, pour la grande satisfaction des citoyens. S'agissant de l'action policière dans ce domaine, 28.631 affaires sur les 37.653 enregistrées, ont été résolues, soit un taux d'élucidation de 76%, ayant entrainé la présentation à la justice de 29.276 personnes, dont 649 femmes et 3.198 mineurs. Parmi les individus arrêtés dans le cadre de la criminalité violente en 2010, on compte également 2.979 récidivistes, représentant une proportion de 10%. 86% des 2.549 arrêtés sont des adultes et 430 sont des mineurs.

En général, l'action répressive des services de police a abouti en 2010 à la résolution de près de 300.000 crimes et délits, soit un taux de réussite de près de 90% (un seuil qui n'a pas été atteint depuis l'année 2004), et la présentation à la justice de quelque 330.000 personnes, dont 32.600 femmes et 14.700 mineurs.
Dans le même registre, près de 950.000 individus ont été interpellés et quelque 215.000 ont été retenus, dont 168.000 ont été arrêtés en flagrant délit et 46.700 sont recherchés pour différents motifs.
Les infractions enregistrées par les services de la Sûreté nationale, au cours des sept dernières années, dans la catégorie de la criminalité violente (crimes de sang, agressions sur la voie publique, vols qualifiés et crimes sexuels violents), ont fluctué selon une proportion évaluée entre 7% et 12% du taux global de la criminalité apparente.

Sentiment d'insécurité

Le sentiment d'insécurité des populations est l'une des mesures utilisées pour appréhender la criminalité et sa répression, en plus bien sûr des statistiques de la criminalité et sa répression en ayant recours à des études comparatives qui font ressortir son évolution spatiotemporelle. Cependant, la mesure d'un «sentiment» est une chose délicate. L'approche adoptée par la DGSN est donc de faire ressortir des statistiques de la criminalité générale, celle de la criminalité dite «violente», vu que celle-ci a un impact sur le sentiment d'insécurité de la population.
Sous ce qualificatif de «violente», on trouve les crimes de sang (homicides volontaires et tentatives, coups et blessures ayant entraîné la mort), les agressions sexuelles (viols, attentats à la pudeur avec violences) et les vols aggravés (vols sous la menace d'armes blanches, vols avec violences, vols à l'arraché, et vols qualifiés et de véhicules). Il convient de préciser que les statistiques tenues par la Sûreté nationale reflètent les affaires enregistrées et traitées par ses services opérant en milieu urbain. Dans la terminologie consacrée, l'on parle de criminalité «apparente». Or, il existe des crimes et délits qui se commettent sans être portés à la connaissance des services de police et ce pour plusieurs raisons, notamment leur caractère tabou, l'intervention d'arrangements amiables, la modicité du préjudice, ou la nature occulte de l'infraction en l'absence de plaignants lésés.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire