Les trois devaient tenir hier une conférence de presse pour annoncer leur rapprochement. Il s'agit, en fait, de l'aboutissement d'une coordination qui a commencé il y a plus d'un an. L'action commune des trois partis s'est renforcée grâce à leurs réflexions et propositions liées à la nouvelle Constitution et sa déclinaison sur le terrain. Contacté, Chakir Achahbar estime que le paysage politique marocain a besoin d'être enrichi par un bloc du centre qui puisse réfléchir sur les problématiques de l'instant en toute sérénité, loin des guerres de chapelles entre partis et pôles politiques. Généralement, une coalition se constitue en réaction ou en opposition à une autre, comme on l'a constaté suite à l'annonce du groupe des huit. Mais l'initiative du trio PRE-MDS- Al Ahd se veut une force politique qui préfère se concentrer sur les réponses dont le Maroc a aujourd'hui besoin en dehors de toute compétition purement électorale. Les trois partis comptent présenter les grandes lignes d'un programme dont le tronc commun renferme 80% des propositions de chaque formation. Quant à la possibilité d'aller ensemble aux prochaines élections législatives, les trois partis ne se bercent pas de faux espoirs. «Nous aurions souhaité présenter des listes communes, mais hélas les partis de la majorité en ont décidé autrement. Car si, d'un côté, les lois électorales permettent l'union, de l'autre elles la vident de sa substance en limitant le financement au seul parti et du fait que la liste nationale ne tolère que les candidats d'une seule formation», explique Achahbar dépité. Au-delà donc de ces considérations techniques, le programme commun de la coalition du centre s'appuie sur un certain nombre de thématiques phares. Il s'agit d'abord de la régionalisation en tant que moteur économique, mais également politique pour un développement qui tient compte des spécificités de chaque région. L'amazighité vient en deuxième lieu puisqu'elle constitue un trait commun aux trois partis et que son rôle est renforcé par la nouvelle Constitution. L'emploi des jeunes, le partage des richesses, la solidarité sociale et interrégionale sont autant de priorités pour l'alliance auxquelles elle apporte des options chiffrées et dûment motivées. Par sa couleur libérale même, l'alliance est assez claire quant à l'importance d'encourager l'initiative privée, faciliter l'investissement et assainir le climat des affaires. L'objectif étant de réduire de moitié le taux de chômage en cinq ans grâce à une croissance forte portée par ces principes d'une économie ouverte. Mais pourquoi donc ce groupe des trois n'envisagerait-il pas de rejoindre le G8 ? La réponse d'Achahbar est un «Non» sans équivoque: «Nous voulons rester autonomes et ne pas rentrer dans des compromissions avec un groupe frappé d'ambivalence et qui ne dispose d'aucune autonomie». C'est clair, bien que le trio ait composé pendant un certain temps avec le Mouvement populaire avec lequel les trois partis partagent plusieurs valeurs. En effet, pas plus tard que le 27 mai dernier, les trois chefs des partis concernés s'étaient donné rendez-vous chez Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement populaire. A l'époque, on avait mis en avant l'affinité harakie comme premier argument d'un éventuel rapprochement pré-électoral. La prédominance amazighe chez ce quartette n'en est pas moins un argument de rapprochement souhaité même par les militants. Une force qui aurait pu s'avérer déterminante, électoralement parlant, dans certaines régions où ces formations sont représentées en force. Mais les vents de la politique en ont voulu autrement et le MP s'est adjoint aux quatre partis libéraux avant qu'ils ne soient renforcés par quatre autres formations. La pomme et la roseC'est digne d'une fable de Lafontaine. Samedi dernier, la direction du Parti du renouveau et de l'équité a reçu une lettre du ministère de l'Intérieur lui enjoignant de changer la couleur de son logo. Soit dit en passant, le logo du PRE représente une pomme rouge. Le motif avancé par le département de Taeib Cherkaoui est que l'USFP l'a saisi à propos d'une ressemblance de la couleur de son logo (la rose) avec celle du PRE (la pomme). Une ressemblance dit-on qui peut influencer les résultats des élections du 25 novembre prochain. Sans transition, le PRE est exhorté à changer la couleur de son logo et d'en faire part au ministère de l'Intérieur dans une durée ne dépassant pas 48 heures. Pour Chakir Achahbar qui se débat en justice pour le changement du nom de son parti en celui du Peuple, ce nouvel épisode qui porte cette fois-ci sur la couleur est tout simplement surréaliste. |
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